Le rock and roll c’est des guitares, des types qui chantent en se déhanchant bizarrement, des chambres d’hôtels saccagées, Elvis, les Stones, Bowie, Sid Vicious, des maisons de disques foireuses, bref, tout ce qu’on va découvrir dans Vinyl, LA série de 2016, sorte de Loup de Wall Street du rock, pensée par Martin Scorsese et Mick Jagger, qui commence le 15/02 sur OCS. La production HBO nous fera suivre les aventures de Richie Finestra, président de label, en plein crise de la quarantaine, essayant de sauver sa boite, son âme et son mariage avec Devon (Olivia Wilde). Tout ça dans le New York des 70’s, plein de seringues, de fumée et de sexe entre les stars et leurs fans, mais aussi leurs muses et parfois, les femmes de leurs copains.
Heureusement, certains se sont vite rendus compte que, quitte à échanger sa salive, on pouvait aussi échanger ses idées, donnant naissance quelques uns des plus grands classiques de l'histoire du rock. De John & Yoko à Mick Jagger & Marianne Faithfull, jusqu’à Nick Cave & PJ Harvey, leur vie de couple a eu une influence considérable sur leur production… de vinyles. Parce que le rock aussi, c’est mieux à deux.
1968. Marianne Faithfull quitte son John Dunbar de mari pour s’enticher de Mick Jagger. Lorsqu’ils ne sont pas en train d’inventer le concept même du Swinging London ou de tester quelques substances pas franchement légales, les deux membres du couple le plus important de l’histoire des Stones parlent littérature. Faithfull conseille même des œuvres à Mike, dont Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. Mettant en scène Satan, l’ouvrage aura une influence considérable sur Jagger qui s’en sert pour écrire Sympathy for The Devil (Beggars Banquet). L’auteur racontera souvent que Sympathy lui est venue en lisant de la poésie française (Baudelaire notamment), mais les ressemblances entre son texte et celui de Boulgakov frappent beaucoup trop pour être ignorées. La chanson commence par exemple avec cette déclaration du diable “Please, allow me…” quand les premières lignes du livres sont “Please excuse me…” Quant à Marianne ? Loin de Mick Jagger, elle continuera sa carrière de chanteuse d’exception, mais aussi de muse, en écrivant Sister Morphine pour les Stones et en inspirant très largement la scène rock de l’époque.
Martin Scorsese n’est pas seulement un immense réalisateur, un incollable cinéphile et un passionné d’histoire. C’est aussi un fou de musique. Dans sa longue carrière, il a en effet travaillé sur 14 productions en rapport avec le monde de la musique, dont The Last Waltz et No Direction Home consacrés à The Band et Bob Dylan ainsi que Shine A Light, docu-concert au cours duquel il suit Mick et ses Stones et qui sera diffusé le 15 février à la suite du premier épisode de Vinyl sur OCS. Si les deux icônes ont toujours eu en tête ce projet, d’abord baptisé History of Music, il aura pris un certain temps à voir le jour. D’abord imaginé en 2006, Vinyl passe par plusieurs étapes de création jusqu’à se retrouver chez HBO, maison idéale pour une aventure aussi sulfureuse.
Nick Cave aura vécu une love life tourmentée. Parmi les conquêtes du poète, la plus importante artistiquement sera celle de la chanteuse anglaise PJ Harvey. Réunis pour une vidéo les deux se découvrent et tombent amoureux en une seule prise, celle-là même qui émoustille encore aujourd’hui leurs fans. “Putain de merde ! C’est une vidéo en une prise. Rien n’est répété et on ne se connaissait pas bien du tout et là, cette chose se passe pendant qu’on fait le film.” Tout paraissait donc écrit pour le couple folk, jusqu’à ce que PJ décide d’emballer ses fringues et de se carapater de chez Nick, le laissant à son cœur démoli. C’est ainsi que naîtra The Boatman’s Call, plus grand album du génial rockeur australien, tout plein de chansons composées pour sa belle en fuite. Encore aujourd’hui, ce disque est considéré comme l’une des œuvres majeures du genre, mais met un peu mal à l’aise son auteur au moment d’en parler. “Je ne regrette pas de l’avoir fait, mais oui, ça m'embarrasse un peu parce que les chansons sont écrites à des moments au cours desquels tu te sens d’une certaine façon. Quand les moments sont passés, tu te dis juste “putain… par pitié !””
Qui veut démontrer que les histoires d’amour construisent les légendes du rock pourrait s’arrêter sur Joan & Bob. Sans les sentiments qu’ils se sont respectivement portés, la musique moderne n’aurait pas été la même. Déjà célèbre, Joan découvre, en 63, un gringalet de 19 ans, tout juste arrivé à Greenwich Village et qui ne l’impressionne pas plus que ça. Mais le talent de Dylan ne peut rester planqué bien longtemps. Joan comprend face à quel genre d’artiste elle se trouve et, au fur et à mesure que leur couple se construit, l’invite sur scène. Le duo devient mythique, mais pas sans difficulté. “J’attirais des foules de 10 000 personnes et traîner mon petit vagabond sur scène était une grandiose expérimentation. Les gens qui n’avaient jamais entendu parler de lui étaient souvent furieux et le sifflaient même parfois”. Bob finit tout de même par séduire et c’est bientôt Joan qui se trouve à avoir besoin de lui pour gagner en exposition. C’est là que tout se complique pour le duo, monsieur rechignant à renvoyer l’ascenseur. En 1965, il invite finalement la chanteuse à le suivre en Europe, lui promettant une belle exposition. Exposition qu’il ne lui accordera en réalité jamais.
Dans Vinyl, Richie Finestra cherche “un nouveau son”. Quelque chose de révolutionnaire, de tellement inédit que sa maison de disques en serait sauvée. Un peu comme Like A Rolling Stone de Bob Dylan. Les classements sont certes toujours subjectifs, mais les amateurs de musique du monde s’accordent à peu près tous pour dire que le petit chef d’oeuvre écrit et composé par le musicien alors âgé de seulement 24 ans, a changé la musique pour de bon. Et c’est donc assez logiquement que le magazine Rolling Stone a classé le morceau 1er de son “top 500”.
Le couple le plus destroy de cette liste. D’un côté, Kurt Cobain, star de Nirvana, plus grand groupe de rock des 90’s, de l’autre Courtney Love, ex-strip-teaseuse, actrice et chanteuse de Hole, LE girls band rock originel. Ensemble, ils formeront, jusqu’au suicide de Kurt, un duo qui fascinera les fans de rock du monde entier. Si l’on en croit Charles R. Cross, le biographe de Cobain, Love aurait même sauvé son amoureux d’une overdose quelques mois avant sa mort. Voyant que Kurt s’était injecté trop d’héroïne, Courtney décida de ne pas appeler d’ambulance, préférant lui injecter de la naloxone pour le réanimer. Cobain se réveille, se lève et s’en va sur scène jouer devant un public n’ayant aucune idée que son idole a failli y rester. Bien que sujette à une foule de théories du complot l’accusant d’avoir commandité l’assassinat de Kurt, Courtney Love (et leur fille Frances), sera tout de même l'une de ses ultimes pensées, comme le révélera la note rédigée avant qu’il ne se tire une balle de fusil à pompe dans la tête. “Frances et Courtney, je serai à vos côtés. S’il te plaît, continue Courtney, pour Frances. Pour sa vie, qui sera tellement plus heureuse sans moi. JE VOUS AIME, JE VOUS AIME !” Mais Courtney n'oublie pas : “ce qu’il a fait à sa famille est impardonnable”.
Il y a la légende du terrible “club des 27”, dont Kurt Cobain et Brian Jones (membre fondateur des Rolling Stones) garnissent les tristes rangs. Ce mythe du rock and roll qui veut que les stars meurent à 27 ans (Cobain et Jones donc, mais aussi Amy Winehouse, Robert Johnson, Alan Wilson, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison et près d’une quarantaine d’autres artistes) pourrait s’expliquer par le train de vie pas très healty des musiciens, mais n’est, en réalité, basé sur aucun fait tangible. En effet, une étude de l’université de Technologie du Queensland en Australie a démontré, en se penchant sur plus d’un millier de cas, que le “phénomène” ne se vérifiait pas dans les chiffres. En revanche, le rockeur possède bel et bien une espérance de vie deux à trois fois inférieure à la moyenne entre ses 20 et 30 ans. Et là, le train de vie y est peut-être pour quelque chose, comme vous le découvrirez dès le premier épisode de Vinyl, réalisé par Martin Scorsese himself et pas épargné par les prises de substances en tous genres.
Rien de ce qui concerne Yoko & John n’échappe à la polémique, jusqu’à l’histoire de leur rencontre, dont il existe plusieurs versions. Le récit officiel raconté par la famille Lennon a pour décor la galerie londonienne de John Dunbar, celui-la même que Marianne Faithfull quitta pour Mick Jagger (décidément). Quoi qu’il en soit, l’un des musiciens les plus importants de son époque (voire de toutes les époques) aurait été bien différent sans sa muse-artiste. Les chansons Oh Yoko ! et Dear Yoko sont clairement des odes à la belle, quand Get Back et Too Many People prennent la forme de testament vengeurs de McCartney qui (comme Harrison) supportait mal la présence continue de miss Ono autour du groupe. Too Many People fut tellement agressive pour l’époque que John Lennon écrivit sa réponse à Paul avec le cinglant How Do You Sleep. Qui a dit que les rappeurs avaient inventé les clashes ?
Plus de 45 ans après leur dissolution, les Beatles conservent toujours un nombre effarant de records, dont celui du plus grand nombre de singles placés en tête des charts américains, avec pas moins de 20 tubes au compteur. Les deux auteurs ayant eu le plus de singles “number ones” sont d’ailleurs Paul Mc Cartney avec 32 productions et John Lennon qui en compte 26. A noter que le seul autre musicien “rock and roll” présent dans cette liste est Elvis Presley. Peu étonnant donc que Richie Finestra, patron de maison de disques en perdition dans Vinyl, peine tant à sauver son affaire. Le rock a (presque) toujours été une musique d’outsiders.
L’histoire du rock en est pleine. De quoi ? De triangles amoureux. Et la jolie Pattie Boyd, mannequin et photographe, s’est retrouvée muse de deux des plus grands rockeurs du siècle dernier. En 1969, sort Something des Beatles, énorme tube écrit par George Harrison pour sa femme d’alors, Pattie Boyd. Un an après, c’est Eric Clapton, qui sort un classique avec Layla, elle aussi composée pour Pattie. Comment est-ce possible ? En comptant sur la persévérance de Clapton, qui, bien que copain de George depuis le début des années 60, s'enamoura très vite de la belle et n’hésita pas à lui faire de nombreuses avances. Mais Pattie voulut d’abord rester fidèle, repoussant Eric jusqu’à un exil de trois ans, noyé dans l’alcool et la drogue, au cours duquel elle continua d’être son inspiration. Face à la persévérance du musicien de légende, Boyd finit par céder et les deux se marièrent en 79, pour divorcer 10 ans plus tard. Elle inspira également les chansons I Need You d’Harrison ainsi que Bell Bottom Blues et Wonderful Tonight de Clapton. Les deux anciens potes se retrouvèrent sur scène quelques années après, visiblement sans trop de rancœur. Ça a du bon d’être un rockeur.
Le rock c’est un son, mais aussi des images. Une attitude, un style, reconnaissable et identifié. Sauf que pour dégoter les meilleures fringues du genre, il ne suffit pas d’aller dans le magasin en bas de chez soi. Si l’on veut vraiment promener une dégaine belle car fortuite, chinée “çà et là” et inonder de parfums bohèmes les foules alentours, mieux vaut faire confiance à Hippy Market, jeune marque qui aime regarder dans le rétro pour y trouver de jolies choses. Des étalages fruits de la sérendipité, dans lesquels on découvre du déniché, du trouvé, du perdu et du retrouvé.
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Hippy Market, 21 rue du Temple, 75004 le Marais
ouvert du lundi au samedi de 11h à 20h et le dimanche de 14h à 20h
http://www.hippy-market.fr/
Comme le dit si bien Richie Finestra dans Vinyl, à découvrir à partir du 15/02 à 20h55 sur OCS, “c’est
rapide, c’est sale, ça vous tape sur la tête. C’est ça le rock and roll !” Si vous avez encore un doute, vous pouvez
voyager dans le temps pour rejoindre le NYC des 70’s ou bien faire un petit tour dans ce que Paris propose de meilleur en
matière de “bars musicaux”. Prenez vos bottes en cuir, vos lunettes noires et même une feuille et un stylo. Au cas ou
vous tomberiez sur le prochain Mick Jagger.
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Vinyl parle de rock. Vinyl parle de roll. Vinyl parle de Richie Finestra. Mais pas seulement. Vinyl parle aussi de sa femme, la superbe Devon (Olivia Wilde), ex mannequin désormais mère de famille et que les écarts de son mari vont peu à peu renvoyer vers sa vie bohème d’antan, lorsqu’elle faisait partie des happy few de la Andy Warhol Factory. Tellement que si elle avait habité Paris, elle aurait probablement squatté ces boutiques.
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Mais le meilleur moyen de se croire à New York, reste, de l’avis de la plupart des experts, d’ETRE à New York. Sauf que, comme toutes les expériences, celle-ci peut rater si l’organisation n’est pas au top. En effet, rien ne sert de faire le déplacement si c’est pour passer ses nuits dans un vieux motel sans charme. Quitte à vivre Vinyl, autant aller au bout des choses. Rock and roll quoi…
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